Marché laitier « Le monde manque de lait »
Selon Offre et demande agricole, la demande mondiale de produits laitiers est restée dynamique, particulièrement sur la matière grasse et à destination des pays asiatiques. A contrario, le marché de la poudre de lait écrémé, matière clé en Europe, est en panne. Sur ce seul produit, l’UE a exporté 1,2 milliard de litres de lait en moins par rapport à l’année dernière.
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Pour le mois de décembre 2016 par rapport à décembre 2015, la collecte européenne de lait est en retrait de 2,8 % d’après les chiffres que la Commission européenne vient de publier. « Sur l’année 2016, elle atteint 153,2 Mt, soit une augmentation de seulement 0,6 % », a expliqué Offre et demande agricole, lors d’un point presse sur le marché laitier mercredi 22 février 2017.
« À la mi-2016, la situation s’est complètement retournée. La demande mondiale accrue en matière grasse s’est heurtée à un manque de lait disponible non seulement en Europe mais également de la première région exportatrice mondiale, l’Océanie (Australie et Nouvelle Zélande), qui a vu sa collecte régresser également fortement. »
« Résultat, les cours du beurre ont bondi de 50 % en moins de six mois pour atteindre 4 500 €/t en fin d’année. Grâce aux stocks accumulés tant en Europe qu’aux États-Unis, la hausse a été limitée. Cette hausse a permis à l’indicateur de la valorisation beurre-poudre (indicateur de la rentabilité de l’industrie laitière qui entre fréquemment dans le calcul de la paie de lait) de devenir positif après 18 mois passés dans le rouge. »
Au-delà du beurre, la demande mondiale de produits laitiers reste dynamique, particulièrement sur la matière grasse (fromage en tête et beurre) et à destination de l’Asie (et non seulement de la Chine). À contrario, le marché de la poudre de lait écrémé, matière clé pour l’Europe, est en panne. La faute revient au cours du pétrole. Le manque à gagner chez nos principaux clients comme l’Algérie et l’Arabie Saoudite se ressent dans les commandes en forte baisse. En équivalent lait, l’Europe a exporté 1,2 milliard de litres de lait en moins qu’un an auparavant pour la seule poudre de lait écrémé.
420 000 t de poudre de lait en stock
Du coup, les stocks de poudre de lait écrémé ont été multipliés sur les huit premiers mois pour atteindre 420 000 tonnes en août dernier. Les tentatives de la Commission européenne pour les vendre au prix du marché sont vaines. Sur les marchés mondiaux, les produits laitiers, poudre de lait et beurre en particuliers, ont cédé du terrain en janvier. Cette accalmie n’est pas un trou d’air ou le début de la détente des marchés, mais simplement la conséquence de la trêve des confiseurs.
A l’autre bout de la planète, les enchères Fonterra confirment le niveau élevé pour le beurre. Et sur le marché allemand de Kempten, le prix du beurre est reparti à la hausse. Le cube de 25 kg se situe entre 3 900 et 4 200 €/t. Les cours sur le marché à terme de Leipzig se sont stabilisés sur l’échéance rapprochée, mais retrouvent ces jours-ci les plus hauts sur les échéances à trois ou six mois, soit 4 100 €/t.
Par ailleurs, les enchères organisées par le géant Fonterra ont abouti mardi 21 février à maintenir les prix du beurre tandis que ceux de la poudre de lait écrémé (- 3,8 %), de la poudre grasse (- 3,7 %) et ceux de la poudre de lactosérum (- 12,8 %) reculent significativement sans mettre en cause la progression des prix depuis un an.
Ces hausses compliquent et perturbent logiquement les négociations annuelles avec la grande distribution qui doivent se conclurent dans une semaine, pour leurs produits en boulangerie, viennoiserie et pâtisserie. Heureusement, la GMS française n’est pas le principal client ! Près de la moitié de la production nationale française part à l’exportation et les prix du lait payés aux agriculteurs demandent à être valorisés dans une compétition internationale forte.
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